• Portrait de femmes – N° 1 : Zoubida RAFIQ

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    Ce sont des élues, des salariées comme des entrepreneurs ou des mères au foyer ; des femmes, issues de milieux sociaux différents parfois mais toutes d’origine Marocaine.
    Leur point commun ? :
    Le fait d’être une femme active, leurs origines marocaines et leur engagement pour la France.
    A chacune sa cause et sa façon de la défendre, poussée par des valeurs typiquement féminines.
    Chaque mois, ce sont des femmes d’exception que nous voulons mettre à l’honneur.
    Connues ou non. Mais toutes porteuses d’espoir.

    Commençons par la Présidente d’EYAM :

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    Avril 2017 :
    DIALOGUE  avec RAFIQ Zoubida

    44 ans, 2 garçons de 18 et 19 ans,
    originaire du sud du Maroc,
    dans la région du Souss Massa, près d’Agadir.
    Son père et son frère vivent là-bas et
    des cousins dans le village de Massa.

     

     

     

     

    Élue pour un 2ème mandat à la MAIRIE de LA VERRIÈRE (78320) – 6000 habitants avec 70 % de logements sociaux:

    • Fonction : Maire adjointe
    • Délégation(s) : Jeunesse, Insertion et emploi, développement économique, et affaires étrangères
      (La Verrière est jumelée avec 3 villes : une au Mali, une en Italie et une en Palestine)

    « L’investissement sur ma ville. Être dans la continuité et poursuivre le  travail déjà accompli. »

    > Parlez-nous du Maroc, votre terre natale, y retournez-vous ?

    Oui, pendant les vacances d’été (pratiquement 2 mois) chaque année au Maroc. L’accueil de la population marocaine, son hospitalité, sa générosité, une famille très attachante.

    « J’y retourne dès que je peux, 1 à 3 fois par an, c’est-à-dire, pas assez à mon goût ! »

    Zoubida a toujours grandi avec le double amour de la France et du Maroc. Elle aime le Maroc pour sa diversité culturelle, amazigh ou berbère, arabophone et rifain, multitude de subsahariens, européens ou encore les juifs marocains, le Maroc est une porte. Le Maroc jouit de ce fait d’un véritable melting-pot culturel, une richesse sur laquelle se fondent des valeurs de tolérance et d’ouverture, qu’elle défend au quotidien.

    « Je pourrais développer des heures sur mon attachement au Maroc, mais il est sûr que je n’oublierai pas de parler de sa gastronomie (hé oui !) Qui est reconnue mondialement. »

    > D’où vous vient votre amour pour la France ?

    Les 10 autres mois de l’année,  elle a vécu en France ou elle a grandi, dans un quartier populaire de Guyancourt (78) où il faisait bon vivre. Tout le monde se connaissait, toutes origines confondues.

    « La France est le pays des libertés, du respect des droits, même si aujourd’hui, nous ressentons, nous, enfants d’immigrés, un changement radical dans le comportement des gens. J’ai plus peur pour les générations à venir. Nous les élus, comme les parents, les institutions, nous avons un travail de fond à faire pour que les mentalités évoluent dans le bon sens. »

    > Le fait d’être une femme d’origine marocaine au sein du conseil municipal de La Verrière est-il une force supplémentaire ?

    Je dirai, que cela constitue un plus face aux autres élus car cela permet de mettre en avant et «défendre» (quand c’est nécessaire) les populations très différentes de La Verrière. Je représente une partie de la population de ma ville qui est à 70 % issue de l’immigration.

    Ainsi je suis la voix de 35 % des verriérois (femmes franco-étrangères)

    Dans le conseil, je ne mets pas en avant le côté marocain mais plus le côté « étranger » dans sa globalité. Même si honnêtement, je ne me sens nullement étrangère.

    > Avez-vous un travail professionnel en dehors de votre fonction d’élue?

    Oui, je suis directrice d’un service Paie et Administration du Personnel, au siège dans une association, qui gère 32 établissements dans le sanitaire et le médico-social, en IDF. Association qui compte 700 salariés, et je suis à temps plein !

    > Comment conciliez-vous : vie de famille, vie professionnelle et  vie d’élue ? vie associative ?

    Je jongle !

    J’ai la chance d’avoir des enfants très compréhensifs, car quand je fais quelque chose, soit je le fais bien ou je ne m’engage pas… Ils sont grands maintenant, donc ont moins besoin de moi.

    Mes délégations me prennent aussi beaucoup de temps. Pour répondre à ce temps, j’ai fait le choix de travailler sur 4 jours pour garder une journée par semaine à mon travail d’élue. Sans compter les soirées, les week-ends…

    Je suis aussi engagée dans plusieurs associations qui répondent à mon besoin de solidarité :

    APJIP : Association pour une paix juste israélo-palestinienne (cause Palestinienne, je suis du côté des opprimés…)

    EYAM : Avec EYAM nous avons vocation à monter des projets de coopération entre la France et le Maroc, et je vais en tant que présidente, confirmer les projets en cours et avec tous les membres et amis du Maroc porter notre parole au-delà de nos villes respectives.

    > Quelle image de la femme moderne française/marocaine souhaitez-vous transmettre ?

    Je n’ai pas d’image à transmettre. Je pense que chaque femme est unique et si j’ai un message ce serait que chaque femme doit pouvoir faire ce qu’elle veut, faire ses propres choix sans pression, et pouvoir s’exprimer aussi librement qu’elle le souhaite. Mais poserions-nous cette question à un homme ?

    Sommes-nous cantonnées, car nous sommes des femmes, à nous « justifier » ?

    La société aujourd’hui, nous oblige à en faire plus pour « mériter » notre statut ! tout comme dans une entreprise, où la femme travaille pour un salaire moindre que son homologue, homme…

    Et je ne parle pas du fait d’avoir des origines étrangères… C’est la double peine !

    > Qu’est-ce que vous apporte le statut de femme au sein du conseil ? Fermeté et souplesse dans les relations homme/femme ?

    Pour moi, la question ne se pose pas. Car les femmes comme les hommes, avons tous, notre place dans un conseil. Nous sommes, à La Verrière, un conseil où les débats ont lieu très régulièrement, pour tous sujets. Et pour rappel, nous avons une maire, ce qui met la place de la femme au centre du conseil… En tout cas, je défends très régulièrement la femme dans sa multiplicité et en même temps dans son unicité même si cela peut paraitre paradoxal, c’est-à-dire qu’elle soit française ou pas, brune ou pas, voilée ou pas, jeune ou pas, dans un groupe ou pas. Je suis contre la stigmatisation de « certaines » femmes. Je peux être qualifiée de féministe, mais évidemment pas dans l’excès, car j’ai été élevée avec de fortes valeurs qui me guident aujourd’hui.

    Faire de la politique, veut aussi dire que la femme franco-étrangère s’adapte très bien aux valeurs de la République. C’est n’est pas incompatible avec ses origines (marocaines), sa culture (populaire), sa religion (musulmane) son histoire (la mienne et celles de mes parents, et même de mon grand-père), bien au contraire, car cela apporte une richesse au débat.

    > Quelles sont vos activités personnelles/loisirs ?

    J’ai très peu de temps pour moi.

    > Pour finir : Comment pourriez-vous vous définir en quelques mots ?Portrait_Zoubida

    Difficile : je vais poser les questions à 3 personnes de mon entourage …
    Pas sûr, qu’elles soient objectives… Et en toute modestie, voici ce qu’elles nous disent :

    Son fils de 19 ans :

    • Dévouée à ses convictions

    Son amie proche :

    • Personne bosseuse, objective, fidèle à ses idées et est à l’écoute des autres.

    Sa sœur :

    • Engagée, investie, perfectionniste dans le sens où tu es soucieuse du travail abouti et bien fait.
    • Altruiste, tu fais passer les autres avant toi.
    • Très à l’écoute des autres pour le vivre ensemble
    • Défends les minorités
    • Féministe, engagée
    • Ta double culture te donne les clefs de lecture pour appréhender au mieux les situations des familles et des jeunes.

    Mon pire défaut est mon exigence. Je suis exigeante avec moi-même mais également avec mon entourage, comme avec ceux avec qui je travaille.